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Turlututu chapeau pointu
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17 février 2005

Monsieur l'Expert

Dans le cadre de mon travail, j'ai eu la chance de participer à la reconstitution d'une tentative de meurtre (qui dit tentative dit échec). Grelottant dans mon grand manteau rouge, entourée du juge d'instruction et de son greffier, du substitut du procureur du roi et de 4 enquêteurs, Céline sur les talons, je tapais du pied et je soufflais sur mes mains en me demandant ce qu'on attendait pour pénétrer dans l'appartement où le drame avait failli avoir lieu. Une jeep a surgi au bout de la rue, a foncé vers nous et s'est arrêtée dans un grand crissement de pneus. La portière s'est ouverte et l'expert en balistique a pointé le bout de son nez.

A peine plus grand que moi, cet homme d'une quarantaine d'années, au crâne rasé (il fait partie de l'infime partie de la population masculine dont le crâne se dégarnit qui a compris à quel point un crâne rasé pouvait être sexy), habillé de noir de la tête aux pieds, un sourire ravageur et des yeux coquins derrière de petites lunettes rondes très mode, s'est avancé vers nous. Un véritable bloc de testostérone ambulant qui a mis tous mes sens en émoi.
- Quel homme !
- Ah bon ? Il est vieux, a rabat-joité Céline insensible aux phéromones qu'expectoraient tous les pores de son corps athlétique (et on s'en fout que ce ne soit pas scientifiquement correct ! j'ai fait le droit pas la médecine).

Durant les deux heures qui ont suivi, j'ai attaché mes pas aux siens, observant le moindre de ses gestes, buvant ses paroles béatement (la plus pieuse et dévote des croyantes n'aurait pas réussi à me battre, même si Dieu en personne s'était présenté à elle) et lui souriant idiotement dès que son regard croisait le mien... ce qui est arrivé un nombre considérable de fois vu que j'étais constamment sur son chemin.

Au moment douloureux de nous quitter, il m'a serré la main en me demandant si moi aussi j'étais une étudiante en criminologie. En l'espace d'une seconde, mes joues se sont retrouvées en harmonie avec mon manteau et j'ai lamentablement bégayé que non, que je travaillais dans le Goulag... (vous voulez mon numéro de téléphone ? mon bureau c'est le dernier au fond du couloir ! passez quand vous voulez ! pffff aucun esprit de répartie cette fille). Son sourire s'est élargi et il s'en est allé. Mon coeur aurait pu se fendiller et se briser en mille morceaux si je n'avais pas su que l'on serait amenés à se revoir lundi dans le cadre d'une autre mission d'expertise balistique !

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