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Turlututu chapeau pointu
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27 janvier 2005

Souvenirs : le petit chaperon rouge et le grand méchant loup

C'est le 23 décembre que mon père m'a annoncé du bout des lèvres que nous irions chez ma mère-grand le lundi 27. Horreur, il ne me restait plus que 4 jours pour me préparer psychologiquement à affronter ce petit bout de femme de 87 ans. Toutefois, j'y suis allée confiante parce que la petite amie de mon frère Frédéric, Mélissa, nous accompagnait. Idiote que j'étais de penser qu'elle allait se conduire correctement avec moi. Je n'avais pas posé le pied dans son hall depuis 2 secondes qu'elle me lançait un "tiens ! tu es venue chipie !". Sûrement que dans la bouche de certaines, ça doit être une marque d'affection... J'ai souri de toutes mes dents et j'ai retenu mon "si tu étais la grand-mère telle qu'on la décrit dans les livres ou dans les films pour enfants, peut-être que je viendrais un peu plus souvent te rendre visite, avec mon petit panier contenant une galette et du vin". 

Alors que les autres étaient installés tant bien que mal dans ses vieux fauteuils, j'ai débouché la bouteille de Muscat, j'ai rempli les verres, j'ai présenté les plateaux de petits canapés que je venais de réaliser dans la froide cuisine (me roulant dans les cendres pour me réchauffer... comment ça j'exagère ? à peine). J'ai fait le service deux ou trois fois avant d'à mon tour poser mes fesses sur un accoudoir. Ma mère-grand a alors porté un toast : "A nous tous ! A Frédéric et à Mélissa, en espérant que l'année prochaine, ils reviennent encore ensemble. A Bruno, en espérant que lui aussi m'amène une gentille fille l'année prochaine. Quant à toi Vanessa, aucun homme ne voudra jamais de toi". Mes frères ont recraché leur gorgée de muscat et Bruno, pour la première fois de sa vie, a répliqué à ma mère-grand que j'avais de nombreux prétendants. Il est pas craquant mon petit frère quand du haut de ses 2 mètres et 65 kilos, il se met à vouloir combattre le méchant dragon d'un mètre 55 sur un mètre 55 ?

J'ai soupiré et je suis allée m'occuper du repas. Pour la première fois depuis 5 ans, mon père avait décidé d'aller chez un traiteur et de m'épargner la conception et la préparation de ce repas de fête. Néanmoins, il fallait bien arranger les assiettes et réchauffer les plats. Pas mal du tout ce traiteur. Pas aussi bon que ce que je cuisine mais comme de toute façon, il ne faut pas espérer un seul compliment de ma mère-grand (qui pourtant dévorait avec appétit tous les bons petits plats que je lui servais), ça m'était bien égal de servir quelque chose que je n'avais pas préparé moi-même. La table débarrassée et la vaisselle faite par mes frères, tous rassemblés autour de la table, en pleine phase de digestion, légèrement assoupis, ma mère-grand en a profité pour se lamenter sur son grand âge, sa solitude et sa famille...

- Vanessa (MAIS POURQUOI MOI ???), je crois que tu es la seule ici sur qui je ne peux pas compter ! Je le dis affectueusement mais vraiment... tu vis le cul vissé sur ta chaise.

Je crois que le désespoir a dû se lire dans mes yeux noirs. Comment cette horrible bonne femme qui est quand même censée être ma grand-mère se permet-elle de me dire de telles méchancetés ?? Tout ça parce que j'ai laissé faire la vaisselle à mes frères ! ô horreur ô putréfaction ! des hommes qui font la vaisselle quand une femme pourrait la faire, sacrilège !!!!!! J'ai failli m'étouffer avec mon coca light. Les autres regardaient leurs pieds ("pourvu qu'elle ne s'en prenne pas à moi"). Aucun pour me venir en aide et lui dire que si jamais il lui arrivait quoi que ce soit et que mon père n'était pas en mesure de l'aider, il n'y aurait que moi pour me déplacer et gérer la situation (malgré tout l'amour que je porte à mes frères, faut dire ce qui est : je suis la seule adulte de cette famille). Je ne sais toujours pas comment j'ai tenu jusqu'à la fin de la journée sans l'étrangler ("c'est une vieille femme, seule et frustrée ! c'est la mère de ton père, il l'aime ! résiiiiiiiiste").

Le lendemain, elle m'a téléphoné pour s'excuser...
- Vanessa, je te téléphone pour m'excuser... J'ai bien vu que ça ne t'avait pas fait plaisir ce que je t'avais dit... Je ne voulais pas te faire de la peine. Ahlalala, je sais pourtant depuis longtemps qu'il ne faut jamais dire ce que l'on pense ! Enfin... moi au moins je me suis excusée ! La situation aurait été inversée, tu ne m'aurais certainement jamais fait d'excuses ! Enfin voilà. Je t'ai fait mes excuses et si tu ne les acceptes pas, tant pis !

Soupirs... on choisit pas sa famille... (maxime leforestier)

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